Au printemps 2017, un livre paru aux États-Unis a fait beaucoup d’échos, et a particulièrement attiré l’attention de la Maison-Blanche. «Les États-Unis et la Chine échapperont-ils au piège de Thucydide», telle était l’interrogation posée par Graham Allison, éminent professeur de Harvard, en observant la montée en puissance de la Chine et les inquiétudes et méfiances vis-à-vis à ce nouvel adversaire par son pays.
L’expression fait référence à l’historien grec du IV siècle avant J.C. « C’est la montée en puissance d’Athènes et la peur qu’elle instilla à Sparte qui rendit la guerre inévitable », écrit Thucydide dans « La guerre du Péloponnèse ».
Dans son livre, Graham Allison explique, au regard de l’histoire, que lorsqu’une puissance émergente est venue contester une puissance établie, cette dernière lui a souvent fait la guerre sous la contrainte de la peur. Pour l’intellectuel américain, l’histoire regorge d’exemples en ce sens. Depuis la Renaissance, le piège de Thucydide s’est ainsi refermé à douze reprises, comme lors de la rivalité anglo-allemande au tournant du XXe siècle ou celle entre les rois de France ou des rois de France et Habsbourg au XVIe siècle. Seuls quatre passages d’une puissance à une autre ont échappé à un conflit armé.
Face à un Trump imprévisible qui veut «l’Américanisation» plutôt que la mondialisation, une guerre semble hélas inévitable …