慢(se prononce comme «me-un»): la lenteur. Tel est le mot choisi par les internautes chinois en souvenir de l’année 2012.
Un cri d’alerte, par ce constat de contraste : au moment où le monde entier admire l’émergence de la Chine et la rapidité de sa croissance, l’opinion publique chinoise remet la vitesse en question.
En effet, la vitesse n’est pas toujours synonyme de richesse ni de bien-être.
En juillet 2011, un accident de signalisation du TGV chinois mis en route depuis seulement trois mois fait quarante morts et de nombreux blessés ;
en juillet 2012, une pluie, si forte soit-elle, submerge tout Pékin en causant quarante morts ;
et en 2013, depuis plusieurs semaines, les Pékinois et d’autres habitants des grandes villes du nord du pays subissent le pire des pollutions connues de cette région;
on comprend ce cri d’alerte des Chinois.
Jusqu’où faut-il accepter les sacrifices d’une croissance à toute vitesse?
En réclamant la générosité de la lenteur, l’opinion chinoise ne met pas seulement en cause la quête aveugle de la vitesse, mais aussi un modèle de société qui, à ses yeux, ignore et les hommes et leur environnement.